Comment se passe le recyclage des panneaux solaires ?

En France, le photovoltaïque est en plein essor. Grâce aux chiffres du ministère de la Transition écologique¹, on apprend notamment que la production d’électricité photovoltaïque s’élevait à 13,6 TWh en 2020, avec une hausse de 11,1 % par rapport à l’année précédente. Une étude d’ObservER fait quant à elle état de 2 GW de puissance supplémentaire raccordée sur la seule année 2021², une première pour la filière photovoltaïque française. Et ce n’est que le début, si on considère que 13 % des Français affirment aujourd’hui avoir l’intention de s’équiper de panneaux photovoltaïques³.

C’est un fait, les installations photovoltaïques vont donc être de plus en plus nombreuses sur notre territoire et, plus globalement, aux quatre coins du monde. D’abord, parce qu’ils ont un rôle important à jouer dans la transition énergétique : ils nous permettent de produire une électricité plus propre et produite localement, tout en réduisant nos factures d’énergie. Mais aussi parce que les systèmes sont de plus en plus performants et qu’en parallèle une baisse sensible du prix des modules photovoltaïques a pu être constatée ces dernières années. Et c’est ainsi qu’on se pose dores et déjà la question : que faire de tous ces panneaux solaires quand ils arriveront à leur fin de vie ? C’est justement ce que nous allons voir dans cet article !

La durée de vie des panneaux solaires dépend principalement des éléments qui la composent. En effet, on trouve aujourd’hui différents types de technologies de cellules photovoltaïques sur le marché. La plus répandue est le silicium cristallin. On estime que la durée de vie des panneaux photovoltaïques intégrant des cellules de ce type peut aller de 25 à 30 ans. Cela vous permet donc de profiter de tous les avantages de votre installation solaire pendant de nombreuses années. Puisque vous profitez certainement de l’électricité créée par votre système photovoltaïque, vous vous rendrez compte, au bout d’un certain temps, que la production ne vous satisfait plus. Cela signifie qu’il est sûrement temps de remplacer vos panneaux, après toutes ces années d’utilisation.

Même si vos panneaux photovoltaïques ont ainsi une longue vie devant eux, vous vous posez peut-être dès à présent la question suivante : que dois-je faire lorsqu'ils arrivent à la fin de leur vie ? Plusieurs possibilités s’offrent à vous. D’abord, vous pouvez contacter l’entreprise qui a assuré l’installation de vos panneaux photovoltaïques. Cette dernière sera en mesure de vous conseiller et vous proposera même très probablement de venir retirer votre installation actuelle. L’enlèvement des panneaux solaires implique certaines précautions, il est donc vivement conseillé de faire appel à un professionnel pour effectuer le retrait. Sachez par ailleurs que, dans certains cas, la reprise de votre équipement s’effectue sans obligation d’achat, même si vous ne souhaitez pas installer de nouveaux panneaux solaires chez vous.

Aussi, vous pouvez contacter Soren pour vous renseigner sur la reprise de votre installation. Il s’agit d’un organisme, agréé par les pouvoirs publics, dont la mission est d’assurer la collecte et le traitement des panneaux photovoltaïques en France. À ce titre, Soren met sur son site internet une carte interactive vous permettant d’identifier les différents points de collecte proches de votre domicile. La plupart du temps, vos panneaux sont repris par cet éco-organisme dans les déchèteries ou directement chez certains installateurs. Pour les détenteurs d’un gros volume de panneaux photovoltaïques (plus de 40 panneaux), un enlèvement peut être réalisé directement sur place par l’éco-organisme.

Le saviez-vous ?

En Europe, les fabricants de panneaux solaires doivent assurer, à leurs frais, la collecte et le recyclage des produits qu’ils conçoivent. En France, la loi du 10 février 2020 les obligent à lutter contre le gaspillage et à favoriser l’économie circulaire en :

• réduisant la quantité de matériaux utilisés lors de la fabrication de leurs produits ;
• réutilisant au maximum des composants exploitables des anciens panneaux pour en fabriquer de nouveaux ;
• favorisant la recyclabilité de leurs produits.

Les détracteurs vous diront peut-être : “à quoi bon produire sa propre électricité si finalement les panneaux solaires créent des déchets ?”. En effet, les panneaux solaires ne sont pas neutres du point de vue de leur impact environnemental. Mais, pour rappel, tout produit nécessite un recours à l’énergie pour être créé. D’autant qu’avec un panneau solaire, cet impact est très limité si l’on considère l’ensemble de son cycle de vie et l’énergie qu’il permet de produire. À cela s’ajoute également un autre constat : le taux de recyclabilité d’un panneau solaire est de 94 %, ce qui est un bon résultat comparé à un téléviseur, recyclable à 49,9 % par exemple⁴.

Une fois que vos anciens panneaux solaires arrivent sur le point de collecte, que se passe-t-il concrètement ? C’est ce que nous allons voir dans cette partie.

1. D’abord, le point de collecte regroupe une certaine quantité de panneaux usagés.

2. Ces derniers sont ensuite transportés vers des centres de traitement entièrement dédiés au démantèlement des panneaux photovoltaïques.

3. Là, des personnes en charge du démantèlement séparent les différents éléments composants l’installation : cadre en aluminium, boîtier de jonction, câbles électriques…

4. Le panneau solaire en lui-même est ensuite découpé, traité thermiquement et broyé. Le but ? Obtenir de toutes petites fractions de sa matière.

5. Les morceaux sont tous récupérés avant d’être triés grâce à différents procédés (vibration, tamisage, courant, tri optique…).

6. Finalement, toutes les fractions triées sont assemblées dans un même bac de tri, en fonction de la matière qui les compose : plastique, verre, argent, sable (qui est un mélange de verre et du fameux silicium qui compose les cellules photovoltaïques).

7. Chacun de ces composants rejoint ensuite une filière de recyclage qui lui est dédié.

Et après, que deviennent toutes ces matières premières secondaires ?

Comme nous l’avons vu précédemment, les panneaux solaires sont recyclables à environ 94 %. Cela signifie qu’une grande partie de ses composants peut être réemployée pour de nouveaux usages.

• D’abord, les plaquettes de silicium peuvent être récupérées afin de fabriquer de nouveaux modules photovoltaïques. On parle alors d’un procédé en boucle fermée. Sinon, elles peuvent être fondues pour permettre de fabriquer des lingots de silicium qui peuvent être utilisés dans certaines industries puisqu’il s’agit d’un matériau semi-conducteur très intéressant. Le silicium a par ailleurs l’avantage de pouvoir être recyclable plusieurs fois.

• Le verre et l’aluminium qui composent une très grande partie des panneaux photovoltaïques sont des matériaux qui peuvent être recyclés à l’infini, sans perte de qualité. Ils peuvent être très facilement recyclés dans les filières déjà existantes. Avec le verre, on peut notamment fabriquer des bouteilles, des bocaux ou même de l’isolant, par exemple. L’aluminium peut quant à lui être réutilisé pour concevoir tout type d’objet de la vie quotidienne.

De leurs côtés, le plastique est envoyé dans les cimenteries pour être utilisé comme combustible de récupération, tandis que les différents câbles et connecteurs peuvent quant à eux être vendus sous forme de grenaille de cuivre.

On l’aura compris, si certains composants peuvent intégrer des filières de recyclage déjà existantes, l’enjeu est aujourd’hui de développer davantage le réemploi de ce qui constitue le cœur de votre installation solaire : ses cellules photovoltaïques.

Mes panneaux solaires peuvent-ils être recyclés sur le territoire français ?

Oui, il existe aujourd’hui une unité de traitement des panneaux solaires en France. Inaugurée en 2018, l’usine de Rousset (Bouches-du-Rhône) est entièrement dédiée au recyclage des panneaux photovoltaïques. Une prochaine usine de traitement de déchets de l’industrie photovoltaïque devrait très prochainement voir le jour en Isère, à l’horizon 2023, sur la commune de La Mure. L’entreprise prévoit de valoriser 3 000 tonnes de panneaux chaque année. Cela ne sera pas de trop, loin de là : Soren prévoit que 50 000 tonnes de panneaux photovoltaïques en fin de vie devront être traités chaque année d’ici 2030. D’autres unités devraient ainsi voir le jour pour parvenir à valoriser, localement, tous les déchets issus de l’industrie photovoltaïque.