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Marché de l’électricité : ce qui change avec le passage au pas de 15 minutes

Marché de l’électricité : ce qui change avec le passage au pas de 15 minutes

Entretien avec Arthur Beauchesne, Ingénieur Marché de l’énergie – Alterna énergie

Depuis le 1er octobre 2025, le marché Spot de l’électricité — celui où s’échangent les volumes d’énergie pour le lendemain — est passé d’un fonctionnement horaire à un rythme de 15 minutes. Ce changement, voulu par l’Europe et désormais appliqué en France, marque une évolution importante dans la manière dont l’électricité est échangée, valorisée et pilotée.

Derrière cette réforme en apparence technique, c’est tout l’équilibre du système électrique français qui s’adapte à la montée en puissance des énergies renouvelables et aux nouvelles attentes du marché.

Alterna énergie vous explique l’essentiel à retenir à travers quatre questions.

Marché de l’électricité : ce qui change avec le passage au pas de 15 minutes

Qu’est-ce qui change ?

Jusqu’à présent, le marché Spot français fonctionnait sur un pas horaire : un prix unique de l’électricité était fixé pour chaque heure du lendemain. Désormais, ce prix est actualisé toutes les 15 minutes, soit quatre fois plus souvent.

Cela peut paraître anodin, mais cette évolution a plusieurs conséquences directes :

  • Le nombre d’ordres et de transactions sur le marché a été multiplié par quatre.
  • Les prix de l’électricité deviennent plus précis et plus réactifs, car ils reflètent mieux les variations réelles de la production et de la consommation.
  • Les acteurs du marché (producteurs, fournisseurs, agrégateurs, grands consommateurs) doivent désormais piloter leur activité à un rythme plus soutenu.

En parallèle, d’autres mécanismes ont été alignés sur ce nouveau rythme :

  • Le règlement des écarts, géré par RTE, fonctionne déjà sur 15 minutes depuis janvier 2025.
  • Les échanges transfrontaliers entre pays européens passeront eux aussi à 15 minutes au 1er janvier 2026.

Autrement dit, c’est tout le tempo du système électrique européen qui change.

Pourquoi ce changement ?

Ce passage au « quart d’heure » s’explique par deux grandes raisons : l’Europe et les énergies renouvelables.

1. Une harmonisation européenne

Depuis plusieurs années, l’Union européenne travaille à intégrer les marchés électriques nationaux pour créer un grand marché commun de l’énergie. La plupart des pays voisins (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Autriche, etc.) fonctionnent déjà sur un pas de 15 minutes. La France devait s’aligner pour faciliter les échanges transfrontaliers et améliorer la cohérence des prix de marché à l’échelle européenne.

Cette uniformisation rend le système plus fluide : les producteurs, opérateurs de marché et fournisseurs peuvent acheter ou vendre de l’électricité de manière plus simple et mieux coordonnée d’un pays à l’autre.

2. Une meilleure intégration des énergies renouvelables

L’autre raison tient à la transformation profonde du mix énergétique. Avec l’essor du solaire et de l’éolien, la production devient plus variable et moins prévisible : un nuage ou une rafale de vent peut modifier les volumes disponibles en quelques minutes.

En passant d’un pas horaire à un pas de 15 minutes, le marché s’adapte à cette réalité. Les prix reflètent désormais plus fidèlement les fluctuations de la production et de la demande, favorisant un système plus flexible, plus précis et plus réactif.

En résumé : l’électricité ne se pilote plus à l’heure, mais au rythme des nuages et du vent !

Quelles conséquences concrètes pour les acteurs de l’énergie ?

1. Pour les producteurs

Les producteurs d’énergie — notamment les parcs éoliens et solaires — doivent désormais prévoir et ajuster leur production à une échelle quatre fois plus fine.

Cela représente un défi technique :

  • Les outils de prévision, de suivi et de pilotage doivent être adaptés à cette nouvelle fréquence.
  • Le volume de données à traiter explose.
  • Les plages de coupure des installations, en cas de prix négatifs par exemple, vont potentiellement devenir plus nombreuses et plus courtes (parfois quelques minutes seulement). 

Mais c’est aussi une opportunité : cette granularité accrue permet de mieux valoriser la production quand les prix sont favorables, et d’éviter les pertes lorsque le marché devient négatif.

Les contrats de complément de rémunération (CR), qui soutiennent financièrement la production renouvelable, seront d’ailleurs adaptés à ce nouveau rythme à partir du 1er avril 2026. Leur calcul se fera également par tranche de 15 minutes, afin d’être cohérent avec le marché Spot.

2. Pour les fournisseurs et agrégateurs

Pour les fournisseurs d’électricité, le passage au quart d’heure change la donne :

  • Il multiplie par quatre les volumes de données et d’ordres à gérer.
  • Il demande une plus grande précision dans les prévisions de consommation des clients.
  • Et il renforce la nécessité de disposer d’outils d’analyse et de pilotage performants.

Mais cette réforme est aussi une source d’efficacité : elle permet d’ajuster les portefeuilles plus finement, de réduire les écarts et donc d’optimiser les coûts pour l’ensemble des acteurs.

3. Pour les consommateurs, notamment industriels

Pour les consommateurs ayant des contrats à prix fixe, rien ne change : les contrats en cours et les factures n'évoluent pas.

Mais pour les entreprises ou sites industriels dont les contrats sont indexés sur les prix Spot, le changement est plus concret. Les prix, désormais fixés toutes les 15 minutes, deviendront plus précis mais aussi plus volatils.

Cela ouvre des perspectives nouvelles :

  • Il faudra mieux piloter sa consommation pour éviter les quarts d’heure les plus chers.
  • Cela encouragera à participer à des mécanismes de flexibilité, comme la modulation de consommation (effacement) ou le dispositif NEBCO, qui récompense les consommateurs capables de réduire ou d’augmenter temporairement leur usage d’électricité selon les besoins du réseau.

En clair, cette réforme donne plus de valeur à la réactivité et à la capacité d’adaptation.

Et après ?

Le passage au pas de 15 minutes n’est qu’une étape dans la modernisation du système électrique.

Trois grandes tendances se dessinent :

  • une granularité encore plus fine, avec des pas de 5 minutes, voire quasi instantanés, pour accompagner l’électrification des usages ;
  • un développement massif des solutions de stockage et de flexibilité, notamment les batteries et la réponse à la demande ;
  • une digitalisation accrue du pilotage énergétique, grâce à la donnée, à l’intelligence artificielle et à l’automatisation des ajustements.

Cette évolution va transformer en profondeur la manière dont nous consommons, produisons et achetons l’électricité. Le temps de l’énergie devient celui de la donnée et de la réactivité.

En résumé

Le passage au pas de 15 minutes est une étape clé de la transition énergétique : il rend le système électrique plus fluide, plus précis et plus aligné sur la réalité des énergies renouvelables.

Pour les entreprises, cette évolution peut être vue comme :

  • une contrainte, car elle demande plus d’anticipation et de suivi,
  • mais surtout une opportunité, car elle ouvre la voie à de nouvelles stratégies de gestion, d’achat et de performance énergétique.

À terme, l’électricité sera de plus en plus un actif à piloter intelligemment, et non plus une simple charge.

Chez Alterna énergie, nous accompagnons nos clients dans cette transition, en les aidant à comprendre, anticiper et tirer parti de ces évolutions de marché. Contactez-nous !

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