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Au programme, des actions concrètes et locales sur la transition énergétique dans les territoires, 
ainsi que des initiatives pour moins (et mieux) consommer l'énergie. 
Il y a quelques mois, vous avez peut-être reçu un courrier d’Enedis vous informant de l’évolution du mécanisme d’ajustement automatique de la puissance de raccordement de vos sites au réseau électrique. Depuis le 1er août 2025, cette réforme est entrée en vigueur.
Issue d’une décision de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), elle modifie la manière dont les entreprises raccordées directement en haute tension interagissent avec le réseau.
Son objectif : optimiser l’utilisation des capacités disponibles et favoriser un accès plus équitable à l’électricité, dans un contexte d’électrification croissante et de tension sur les infrastructures.
Alterna énergie vous explique les principaux changements.

Depuis plusieurs années, le réseau électrique français fait face à une hausse rapide des demandes de raccordement : électrification des procédés industriels, développement des bornes de recharge, croissance des data centers, projets d’hydrogène bas-carbone… Dans le même temps, la CRE a constaté un écart important entre la puissance de raccordement réservée et la puissance réellement utilisée. En moyenne, moins de 50 % des puissances souscrites sont effectivement consommées.
Ces puissances “dormantes” mobilisent inutilement des capacités réseau, retardant ainsi le raccordement de nouveaux projets.
La réforme introduite en 2025 vise donc à réajuster automatiquement les puissances surdimensionnées afin d’améliorer l’efficacité du système électrique et d’encourager un dimensionnement plus juste des besoins.
Le mécanisme repose sur un principe simple : adapter chaque année la puissance de raccordement à l’usage réel du site.
Concrètement, Enedis (pour les sites en Haute Tension A) et RTE (pour les sites en Haute Tension B) recalculent la puissance maximale autorisée à partir des consommations constatées sur les cinq dernières années.
HTA et HTB, qu’est-ce que c’est ?
HTA (Haute Tension A) / HTB (Haute Tension B)
Niveau de tension :
Moyenne tension – environ 20 000 volts (20 kV) / Haute tension – de 63 000 à 400 000 volts
Réseau concerné :
Distribution publique, gérée par Enedis et les Entreprises locales de distribution (EDL) / Transport d’électricité, géré par RTE
Type de clients :
Usines, hôpitaux, collectivités, grandes plateformes logistiques / Grands sites industriels, data centers, interconnexions régionales
Raccordement :
Via un poste de transformation local (HTA/BT) / Connexion directe au réseau haute tension
En résumé :
La puissance de raccordement est désormais ajustée en fonction de l’historique de consommation du site. Elle est désormais fixée au niveau de la plus faible valeur entre :
Exemple :
Un site raccordé à 2 MW mais n’ayant jamais dépassé 1 MW sur les cinq dernières années verra sa puissance de raccordement ajustée à 1,25 MW (1 × 1,25).
Ce calcul est automatique : il ne nécessite aucune action de la part du client et n’entraîne ni coupure, ni baisse de tension, ni modification de la puissance souscrite auprès du fournisseur sans impact sur leur tarification ou abonnement.
Les entreprises concernées sont notifiées par courrier directement par Enedis ou RTE (en fonction de s’ils sont raccordés en HTA ou HTB), et la nouvelle puissance de raccordement est consultable sur l’Espace Client Entreprise de leur gestionnaire de réseau de distribution.
1. Une réduction possible de la puissance de raccordement
Les sites dont la puissance est nettement supérieure à leurs besoins réels verront leur puissance ajustée à la baisse. Cette évolution n’a aucun impact sur le fonctionnement des installations, mais fixe désormais un nouveau plafond contractuel à ne pas dépasser sans travaux complémentaires.
2. Une augmentation désormais considérée comme un nouveau raccordement
Toute demande d’augmentation de puissance au-delà de la limite ajustée est désormais traitée comme un nouveau raccordement. Cela implique une nouvelle étude technique, des délais supplémentaires et une participation financière du client aux travaux nécessaires.
3. Un régime transitoire d’indemnisation
Les clients raccordés avant le 1er août 2025 bénéficient d’un abattement de 60 % sur les coûts de travaux (après réfaction), dans la limite de leur puissance initiale. Cet avantage n’est applicable qu’une seule fois et ne concerne pas les nouveaux raccordements postérieurs à cette date.
En parallèle du mécanisme d’ajustement automatique de la puissance, la CRE a introduit une option contractuelle spécifique pour les nouveaux projets de raccordement. Elle permet aux entreprises dont la consommation augmentera progressivement (data centers, sites industriels en développement, opérateurs d’infrastructures de recharge…) de planifier leur montée en puissance sur dix ans sans coût additionnel autre que les frais normaux de raccordement.
Le client peut définir plusieurs paliers de puissance répartis sur cette période. À chaque étape, le gestionnaire de réseau vérifie la cohérence entre la puissance réellement utilisée et la trajectoire prévue. Si la consommation reste inférieure aux prévisions, la puissance finale peut être révisée à la baisse.
Ce dispositif, distinct du mécanisme d’ajustement automatique évoqué plus haut, permet d’éviter la réservation excessive de capacités réseau tout en sécurisant la croissance énergétique future.
Depuis l’entrée en vigueur de la réforme, les entreprises ont tout intérêt à suivre activement leurs puissances de raccordement pour en tirer le meilleur parti.
Il est recommandé de vérifier régulièrement la cohérence entre la puissance contractuelle et la puissance réellement utilisée sur les cinq dernières années. Cette analyse permet de confirmer que le dimensionnement reste adapté et d’éviter tout écart pouvant freiner une future augmentation de puissance.
Les entreprises peuvent aussi réévaluer leurs trajectoires de consommation à moyen et long terme, en intégrant les effets de la croissance, de nouveaux équipements ou de l’électrification de leurs procédés. Cette démarche facilite la planification d’éventuelles évolutions et aide à anticiper les coûts associés.
Enfin, un dialogue régulier avec le fournisseur d’énergie reste essentiel pour interpréter correctement les ajustements réalisés par Enedis ou RTE, mesurer leurs impacts concrets et identifier les leviers d’optimisation possibles, notamment pour les projets en développement.
Au-delà de l’aspect réglementaire, cette réforme constitue une étape clé dans la modernisation du réseau électrique français.
 Elle vise à :
En ajustant leurs puissances et en anticipant leurs besoins, les entreprises peuvent transformer cette évolution en levier de performance énergétique.
Elles deviennent ainsi actrices d’un réseau plus équilibré, plus efficace et plus durable.