Et si le vrai progrès consistait à faire mieux avec moins ? Quand la sobriété devient une urgence, la low tech s’impose comme une solution innovante, accessible et écologique. Quelles technologies low tech sont déjà utilisées sur le marché français et international ? La low tech peut-elle remplacer la high tech dans notre société et en entreprise ? Et comment l’innovation basse technologie peut-elle représenter un levier de résilience ? Acteur de la durabilité, Alterna Énergie vous fait découvrir une façon de vivre plus pérenne.
Le terme low tech, ou basse technologie, désigne des technologies simples du numérique, accessibles et durables, conçues pour répondre aux besoins essentiels de la société et de l’entreprise tout en minimisant leur impact environnemental.
Contrairement à la high tech, qui mise sur l’innovation constante et la complexité, la low tech privilégie :
En ce sens, la low tech représente une technologie numérique incontournable à la décarbonation de nos activités.
Plus écologique, la démarche low tech repose sur trois principes fondamentaux :
De nombreuses solutions low tech émergent et gagnent en visibilité. Voici un tour d’horizon des technologies du numérique à faible impact écologique de notre quotidien.
Les techniques de construction low tech se popularisent, notamment dans les projets d’autoconstruction, de tiers lieux et de logement écologique.
Ces solutions s’appuient sur des matériaux locaux, des principes d’architecture bioclimatique et une bonne autonomie énergétique.
Le recours aux briques de chanvre ou de terre crue pour l’isolation thermique et phonique ou la pose d’un chauffe-eau solaire à thermosiphon en sont quelques illustrations.
Face à la hausse des prix de l’énergie et aux risques de coupures, de plus en plus de foyers explorent des alternatives énergétiques simples et peu coûteuses.
Les innovations low tech dans ce domaine misent sur les énergies renouvelables, comme :
Ces dispositifs sont particulièrement efficaces dans les habitats autonomes ou pour réduire l’impact énergétique et écologique des usages quotidiens.
Les systèmes low tech cherchent à préserver, recycler et traiter la ressource en eau sans recourir à des infrastructures lourdes.
Cette approche répond aussi bien aux besoins individuels qu’aux enjeux collectifs de résilience.
Adaptées aux éco-lieux, aux refuges ou même à des maisons villes, des solutions réduisent fortement la consommation d’énergie et la pollution, comme :
Produire, conserver et valoriser les ressources alimentaires à petite échelle est un pilier central de la low tech.
De la permaculture aux systèmes de conservation autonomes, chaque solution vise à reconnecter l’humain à son environnement tout en fermant les cycles :
Ces pratiques sont en plein essor dans les fermes low tech, les jardins partagés, mais aussi chez des particuliers soucieux d’accroître leur autonomie alimentaire et de réduire leur consommation.
De plus, la low tech ne cesse d’innover avec des procédés comme la gazéification hydrothermale, qui consiste à transformer les déchets organiques humides en gaz renouvelable pour une gestion durable des déchets à l’échelle locale.
Bon à savoir : l’ADEME propose un guide complet sur la démarche low-tech pour aller plus loin.
La low tech ne s’oppose pas systématiquement à la high tech en entreprise et au quotidien, mais en propose une lecture critique. Là où la technologie numérique conventionnelle privilégie la complexité, la performance et le renouvellement constant, la low tech mise sur la sobriété, la robustesse et la réparabilité.
En valorisant les savoir-faire artisanaux et l’intelligence collective, la low tech favorise une réappropriation citoyenne de la technique et du produit.
En outre, de nombreuses initiatives témoignent de sa popularité, comme le DIY (do it yourself) et les fablabs qui sont de nouveaux espaces d’expérimentation.
À noter que des figures comme Philippe Bihouix, auteur, Corentin de Chatelperron, ingénieur, ou Arthur Keller, ingénieur consultant, défendent cette vision d’une technologie numérique recentrée sur l’essentiel, au service de la résilience des sociétés et de l’entreprise face aux défis environnementaux.
Adopter la low tech implique de choisir un mode de vie cohérent avec les enjeux de l’écologie, de l’économie et de la société. Pour une évolution progressive, calculez votre empreinte carbone avant de choisir une innovation ou un produit low tech qui peut réduire votre impact.
L’habitat est un point de départ concret pour intégrer des solutions low tech à faible consommation d’énergie.
Par exemple, l’isolation thermique à base de chanvre ou de bottes de paille permet de limiter les besoins en chauffage tout en valorisant des matériaux biosourcés et locaux. Ces choix architecturaux sont déjà mis en œuvre dans des écoconstructions en France, notamment en milieu rural.
Côté ventilation, des systèmes passifs, comme les conduits naturels inspirés des tours à vent ou les puits canadiens, assurent une régulation thermique sans aucune consommation énergétique.
Même la consommation d’énergie de l’éclairage peut être optimisé grâce à la disposition stratégique des ouvertures ou l’usage de miroirs pour réfléchir la lumière naturelle et réduire le besoin en éclairage artificiel.
Dans la cuisine, les équipements low tech allient efficacité et sobriété.
Le four solaire, largement documenté par le Low-tech Lab, permet de cuire des aliments à basse température uniquement grâce au rayonnement solaire. Déjà utilisé dans plusieurs régions rurales, notamment en Afrique et en Amérique latine, il gagne en popularité en Europe.
Pour conserver les aliments sans consommation d’électricité, le Zeer Pot, ou « frigo du désert », utilise l’évaporation d’eau entre deux pots en argile et parvient à conserver une température fraîche. C’est une solution ingénieuse et écologique pour les régions chaudes ou en cas de coupures de courant.
En parallèle, de nombreux ustensiles manuels, comme le moulin à café, le presse-légumes ou le hachoir à manivelle, retrouvent leur place dans nos cuisines en remplacement des robots électriques.
La salle de bain aussi peut devenir un espace low tech.
Par exemple, les toilettes sèches permettent d’économiser des milliers de litres d’eau potable par an et de transformer les déchets organiques en compost. Dans les habitats autonomes, elles sont devenues un standard.
De même, les douches solaires, installées à l’extérieur ou sur les toits, chauffent l’eau sans consommation d’électricité.
Enfin, fabriquer soi-même ses produits d’hygiène (dentifrice, déodorant, savon) est une démarche complémentaire, économique et saine. Elle réduit drastiquement les déchets plastiques tout en limitant l’exposition de tous les membres de la famille aux produits chimiques industriels.
La low tech s’applique aussi à nos choix de mobilité. Le vélo, roi des transports doux, s’impose en ville comme à la campagne. Il ne nécessite ni carburant ni entretien complexe et s’adapte bien aux trajets courts.
Pour les trajets plus longs, le covoiturage optimise l’usage de la voiture et réduit les émissions de CO₂. Grâce au développement des plateformes de covoiturage, il devient une solution pertinente pour se déplacer, même s’il reste plus difficile d’accès à la campagne.
Plébiscités dans les grandes villes, les transports en commun restent la solution de mobilité douce la plus rapide et efficace pour se déplacer en agglomération tout en limitant son impact environnemental.
Quant à la marche, souvent boudée, elle représente le mode de déplacement le plus accessible et le moins polluant, tout en offrant de nombreux bénéfices à la santé physique et mentale pour notre société ultra-connectée.
Enfin, l’une des clés de la low tech réside dans la valorisation des savoir-faire. Plutôt que de jeter, réparer devient un acte engagé et écologique.
Les Repair Cafés rassemblent des bénévoles et des citoyens autour de la réparation d’objets cassés pour lutter contre l’obsolescence programmée.
Fabriquer soi-même un produit ou un objet utile est également à la portée de tous grâce aux nombreux tutoriels en ligne.
La démarche numérique low tech consiste à concevoir et utiliser une technologie :
Attention ! La low tech ne rejette pas toute forme de technologie, d’innovation ou de consommation d’énergie, mais elle repense son utilité réelle et l'impact d'un produit.
Une technologie est considérée comme low tech si elle est :
Il ne s’agit pas d’objets « anciens », mais de produits et d’innovations utiles et pérennes, comme le frigo en argile, les filtres à eau céramique ou le four solaire.
La low tech est le résultat de la collaboration de nombreux acteurs engagés de notre société.
Le concept puise ses racines dans les années 1970 avec Ivan Illich, critique des technologies aliénantes. Il a ensuite été réactualisé par Philippe Bihouix, ingénieur français, auteur de L’Âge des low tech.
Enfin, le mouvement s’est structuré autour d’acteurs comme Kris De Decker (Low-tech Magazine) et Corentin de Chatelperron (Low-tech Lab), qui ont diffusé idées, expérimentations et solutions concrètes à travers le monde.